Cette année, le français Eric Vu-An était l’un des membres du jury de la 27ème Compétition internationale de ballet de Varna. Présent en tant que directeur artistique du Ballet Nice Méditerranée, il revient à Varna après 36 ans. En effet, au cours de la même compétition en 1980 il remporta la médaille d’argent.
Comment vous sentez-vous en tant que membre du jury après avoir participé en tant que danseur il y a 36 ans ?
C’est toujours une grande fierté et une grande émotion de représenter son pays dans une manifestation internationale de cette qualité.
De quoi vous souvenez-vous de la période où vous étiez à Varna en tant que participant à cette compétition ?
J’étais très jeune, j’avais 16 ans. J’en ai gardé un excellent souvenir, parce que la compétition se déroule dans le théâtre de plein air, ce qui vous permet toujours de mieux voir les autres participants du même âge – pour juger de leur niveau – et de trouver d’autres techniques de danse de ballet. Ce fut une belle expérience. J’y ai rencontré de grands danseurs qui ensuite ont fait une grande carrière ailleurs comme Evelyn Hart. C’est un bon rendez-vous, une manifestation de qualité et une occasion de rencontrer les artistes des autres pays.
Maintenant que vous êtes de l’autre côté de la scène en tant que membre du jury, pensez-vous que la tradition perdure ?
Oui, bien sûr. De l’autre côté il y a beaucoup de gens connus de par leur carrière : Maximiliano Guerra, André Lewis, Ayshem Sunnal, que je connaissais déjà. C’est agréable de passer du temps avec eux mais en général le jury a été plutôt unanime quant à savoir qui obtiendra les prix. Évidemment, il y avait de petites variations de goût, de sensibilité pour l’attribution de tel ou tel prix, mais on était tous d’accord parce que nous sommes tous des professionnels et on a tous le même avis sur les gens qui sont bons. J’ai découvert des danseurs que j’ai trouvés remarquables. La question de l’attribution du Grand Prix, c’est délicat pour moi d’en parler parce que j’ai fini par m’abstenir. Je pense qu’on pourrait effectivement avoir une autre façon de faire les choses.
Pensez-vous que le Concours international de ballet de Varna est le plus difficile dans le monde ?
Je n’en suis pas sûr, je suis membre du jury de ce concours pour la première fois, c’est la seule aussi où j’ai participé donc je ne peux pas parler des autres.
Au cours des dernières années, les danseurs-e d’Asie font des carrières remarquables, ce que l’on retrouve dans les décisions du jury cette année. Pensez-vous qu’aujourd’hui, ce sont les meilleurs danseurs ?
Ils travaillent très bien. Je pense que de bons interprètes existent dans chaque pays. C’est important que même avec la mondialisation actuelle chaque interprète correspond au goût de son public, en terme de musique, de costumes. Les goûts qui plaisent à un public occidental ne sont pas forcément les mêmes qui plairont à un public du monde arabe qui ne sont pas les mêmes qui plairont au public du monde asiatique. Il faut respecter ces choses-là et en fonction de ça je ne pense pas qu’il y ait une supériorité d’un pays sur un autre. Dans chaque pays il y a des interprètes importants et l’important c’est que les interprètes soient capables de communiquer avec leur public.
Avez-vous eu l’opportunité de visiter d’autres endroits en Bulgarie?
J’ai vu la cathédrale de Varna, le monastère Aladzha et le Palais à Balchik. Mais nous terminons très tard le soir et le lendemain nous essayons de récupérer. Nous n’avons pas beaucoup de jours de congé.
Que pensez-vous de la Bulgarie 36 ans après ?
Je suis allé danser à Sofia, j’ai découvert d’autres parties de la Bulgarie. Maintenant j’habite à Nice. Pour moi Varna est très proche de Nice parce qu’il y a la mer juste à côté, le climat et les températures sont très proches. Donc, je ne me sens pas dépaysé. Il n’y a qu’une heure de décalage horaire.
Propos recueillis par Elena Vladova et Beñat Thomas